Questions fréquentes
Ce système n'est-il pas trop compliqué à expliquer aux électeurs ?
Lors de l'expérimentation en 2007 d'une variante du Vote de Valeur avec une échelle à 3 valeurs, le mode de scrutin a été jugé clair par 79% et plutôt clair par 11% des participants. Moins de 10% l'ont jugé peu ou pas clair.
Voir Expérimentation vote par note et vote par approbation 2007 page 257.
Pourquoi 5 valeurs ? Pourquoi pas plus, pourquoi pas moins ?
Ce choix de 5 valeurs, ainsi que le centrage sur la valeur d'indifférence zéro, nous semblent apporter le meilleur compromis entre l'expressivité du bulletin de vote, et sa simplicité pour l'électeur.
Ce choix est conforté par l'expérience de 2007, qui a montré la préférence des électeurs pour une échelle à 3 valeurs plutôt qu'une échelle à 2 valeurs (vote par assentiment), la raison principale évoquée étant que cela permet de s'exprimer avec plus de nuances, voir Expérimentation vote par note et vote par approbation 2007 pages 58 et 257-259. Nous pensons qu'une échelle de 5 valeurs sera encore plus appréciée, mais qu'au delà le bulletin de vote deviendrait trop complexe, et que les nuances d'évaluation seraient trop difficiles à faire pour les électeurs.
Le choix de cette échelle de valeurs devra être confirmé et éventuellement ajusté par des expérimentations comme celle proposée sur ce site.
"Je connais à peine ce candidat, quelle valeur lui attribuer ?"
Une élection n'est pas un sondage d'opinion. La question posée à l'électeur n'est pas "appréciez-vous ce candidat ?", question difficile si la campagne électorale ne vous a pas permis de vous faire une idée claire de son programme, mais "êtes vous favorable ou hostile à élire ce candidat président de la république ?". Il apparaît sensé de rejeter une candidature au programme mal connu.
Les électeurs ne vont-ils pas systématiquement voter +2 pour le candidat qu'ils soutiennent et -2 à tous les autres ?
Voter exclusivement pour son candidat préféré, c'est refuser de donner un avantage aux candidats qu'on juge “acceptables” face à ceux qu'on juge “inacceptables” ; c'est donc aller à l'encontre de ses propres convictions et intérêts.
Naturellement, les militants les plus convaincus de chaque parti voteront ainsi car ce vote binaire reflète leur volonté farouche de voir leur candidat l'emporter. Statistiquement, les votes binaires des militants de chaque parti se neutralisent et c'est bien la très grande majorité de la population, plus nuancée, qui fera la différence.
L'expérience réalisée en 2002 sur une variante à deux valeurs du Vote de Valeur ( Expérimentation vote par approbation 2002) montre que les électeurs soutiennent le plus fréquemment non pas un seul, mais 2, 3 ou 4 candidats.
De plus, les expériences réalisées à Louvigny, Cigné et Illkirch-Graffenstaden en 2007 par une équipe de chercheurs de Caen et de Strasbourg, avec une variante à 3 valeurs (vote par note) montrent que les valeurs intermédiaires ont largement été utilisées et appréciées par les électeurs ( Expérimentation vote par note et vote par approbation 2007, pages 77-90, 140-150 et résumé page 161).
Pour plus d'informations :Votes tactiques et Vote de Valeur .
Passer au Vote de Valeur nécessite de changer la constitution. N'est-ce pas irréaliste ?
Depuis 1958, 24 révisions de la 5ᵉ république ont déjà été mises en oeuvre. Changer la constitution n'est pas un problème en soi.
L'enjeu aujourd'hui est de faire connaître le Vote de Valeur et de convaincre une large majorité de parlementaires ou d'électeurs des qualités d'un tel système de vote. Le Vote de Valeur pourrait aussi être intégré dans un projet de rénovation plus large de notre constitution.
Qu'en ont pensé les électeurs qui l'ont déjà testé ?
Deux variantes du Vote Valeur ont été expérimentées en 2007, l'une avec échelle réduite à 2 valeurs, l'autre avec une échelle réduite à 3 valeurs. Le rapport d'expérimentation (page 161) conclut :
"Les électeurs ont déclaré massivement apprécier les scrutins testés."
"Leur sentiment positif pour les scrutins plurinominaux et en particulier pour le vote par note provient, d'une part, de la possibilité qu'ils leur offrent de s'exprimer plus largement et avec plus de nuances sur les candidats que dans le scrutin uninominal à deux tours et, d'autre part, du fait qu'ils leur ont semblé permettre d'éviter la contrainte du vote utile."
Comme le Vote de Valeur réduit le risque d'émiettement, ne risque-t-on pas une multiplication des candidats ?
Les partis auront toujours intérêt à éviter une démultiplication des candidats pour éviter la cacophonie. Il en va de leur crédibilité et de leur lisibilité.
Si cela ne suffisait pas et que des stratégies électorales de démultiplication de candidats proches se mettaient en place, il faudra renforcer le système de présélection des candidats (aujourd'hui fondé sur un nombre minimum de soutiens des grands électeurs).
L'échelle de valeurs sera-t-elle bien comprise par tous les électeurs de la même manière ? Cela a-t-il un sens d'ajouter les valeurs exprimées par différentes personnes ? Que signifient les résultats ?
Illustrons ces questions par un exemple. Dans le système du Vote de Valeur, un candidat reçoit le même cumul de points :
si deux électeurs lui attribuent la mention"+1 favorable"
si l'un attribue "+2 très favorable" et l'autre "0 indifférent".
Ces deux situations sont-elles vraiment parfaitement équivalentes en termes de satisfaction collective ? Cela nécessiterait que l'échelle de valeurs soit comprise et utilisée par ces deux électeurs exactement de la même manière, et que la valeur soit une chose qui s'additionne. Bien sûr, ce n'est pas parfaitement le cas. On ne peut donc pas prétendre que la somme des valeurs données à un candidat mesure parfaitement la valeur de ce candidat pour la collectivité. Elle n'en est qu'une approximation (dite "utilitariste").
Par ailleurs, la même question se pose pour le système de vote actuel : l'acte de voter pour tel ou tel candidat est-il bien compris par tous les électeurs de la même manière ? Le même bulletin peut vouloir dire "c'est le seul candidat auquel je crois" ou "c'est le candidat que je préférerais voir élu parmi plusieurs qui me conviennent" ou bien "ce n'est pas le candidat que je préférerais voir élu, mais c'est celui qui me déplaît le moins parmi ceux qui ont le plus de chance de faire barrage aux extrémistes"... Cela a-t-il un sens de comptabiliser identiquement ces bulletins dont les motivations sont aussi différentes ? Sans nuance possible, la mesure de l'intérêt pour la collectivité paraît ici encore plus approximative.
Les deux systèmes ont donc des limites dans la signification des résultats. Néanmoins, sur ce seul critère du sens, le Vote de Valeur apparaît beaucoup plus fin et porteur de sens : les nuances possibles pour chaque vote sont beaucoup plus grandes, et les résultats contiennent beaucoup plus d'informations (voir un exemple).
Ce système favorise-t-il les partis centristes ?
Le Vote de Valeur favorise un candidat de consensus et défavorise un candidat qui développe une stratégie de clivage de la société. En conséquence, si aujourd'hui, c'est le courant politique dit "centriste" qui suscite le consensus le plus large, alors oui, il pourrait l'emporter. Mais demain ? L'instauration du Vote de Valeur modifiera les rapports de forces et ouvrira de nouveaux espaces politiques plus subtiles et dynamiques que la simple opposition gauche / droite actuelle. La signification politique de "centre" évoluera perpétuellement.
Parmi les différents systèmes de vote, pourquoi notre association est-elle focalisée sur le Vote de Valeur ?
Ce choix et les raisons de ce choix sont le résultat d'une revue aussi objective que possible de la littérature scientifique sur le sujet. Le dossier présent sur ce site a pour objectif d'en rendre compte. Pour autant, la démocratie parfaite n'existe pas, et notre réflexion se doit de rester vivante, alors tous les nouveaux ingrédients de discussion sont les bienvenus. Le forum est là pour ça !